C’est une belle performance qu’a réalisé la Métropole Européenne de Lille, en étant élue Capitale mondiale du design en 2020. De très nombreux événements et démarches s’accolent à ce projet, qui peut sembler nébuleux pour le commun des mortels !
Pour mieux comprendre ses enjeux, je suis donc allée faire un tour Tripostal de Lille, où deux expositions seront ouvertes au public du 16 septembre au 15 novembre 2020.
Pourquoi faire du design ? Le design français existe-t-il ?
L’exposition « Designer(s) du Design » se propose de dessiner le paysage, la diversité, les évolutions et les propositions du design français à partir des designers et de leurs projets.
« Autonomie(s ) » Cet « art impliqué » pour reprendre la formule de Jacques Viénot, commence par un parcours explicatif au rez de chaussée du Tri Postal, que j’ai trouvé un peu fastidieux à explorer : beaucoup de panneaux explicatifs sur les temps forts qui ont marqué l’évènement « Lille Capitale mondiale du design », avec un coup de cœur cependant pour les témoignages de spécialistes reconnus pour leur impact en matière de design et visibles en vidéo.
Au premier étage, on change vraiment de tempo et de scénographie, pour un parcours original et on entre dans l’exposition « Designer(s) du design ». Et on a vite le sentiment que la maxime du designer et commissaire de cette exposition Jean-Louis Fréchin « Cette expo est une chance extraordinaire, La France n’est pas forcément un pays de design mais nous avons un grand nombre de designers » n’est pas anodine. On s’étonne de retrouver une richesse, une diversité dans les propositions en matière de design au quotidien en particulier avec des exemples de designers stars comme Philippe Starck (maquette des bateaux exceptionnelles sans parler de la bague connectée),
On est même ému en découvrant quelques objets emblématiques de notre enfance qui ont trôné dans nos cuisines (grill pain SEB) ou encore le mobilier urbain emblématique de notre vie de citoyen (abri-bus JCDecaux de Patrick Jouin, etc.) pour réaliser soudain que nous sommes depuis très longtemps plongés dans un monde de design au quotidien !
Surprendre / Eveiller/ Inventer
Eclat de rire assuré pour la proposition de Octave De Gaulle avec son « MUMM/Grand Cordon Stellar » ou comment embarquer du champagne dans l’espace tout en maintenant son intégrité et un scénario de dégustation. Une mise en orbite joyeuse et décalée comme la proposition de Briand&Berthereau pour une planche de surf « Splash » réalisé à partir de matériaux et de techniques de mise en œuvre alternatifs, respectueuses de l’environnement (mélant fibre de jute du Bangladesh, mousse légère et rigide à base de pâte de pain et broderie !
Mention spéciale à Matali Crasset pour ses maisons sylvestres (2013), un projet expérimental et collaboratif qui consistait à saisir la forêt comme une matière vivante pour révéler l’imaginaire qu’elle suscite et inventer des micro-architectures habitables, exclusivement réalisées par des artisans.
Mention spéciale également pour les enceintes acoustiques « Surfaces Sonores » du designer Pierre Charrié, qui pratique un design de proposition et d’exploration sensible, à travers un travail de recherche sur la dimension sensorielle des objets du quotidien. Un travail soutenu par le CNAP, et diffusé par Ligne Roset, Habitat, Moustache.« Sens Fiction »
Place ensuite à la science-fiction dans l’exposition « Sens fiction », au deuxième étage, où l’on est plongé à l’apogée de ce qui a été imaginé en matière de design. Dans une haute salle dans laquelle les murs sont recouverts de magazines (Wonder stories, Science and invention, Amazing stories du génial Hugo Gernsback), on (re)découvre l’imaginaire de décennies sur le papier, avant d’être plongé dans une autre époque. La salle suivante laisse se dresser d’immenses écrans, sur lesquels sont projetés des extraits de spots publicitaires et films, anciens et récents.
L’idée est de montrer à quel point l’innovation est présente dans les grands récits », résume le designer Ramy Fischler, commissaire de l’exposition.
Mon coup de cœur !
Le plaisir de voir citer dans une salle emblématique dressant les portraits de grands designers français (Roger Talon, Jean Prouvé, etc.), la présence de Charlotte Perriand (1903-1999), une femme formidable qui travailla dix ans durant à l’atelier de Le Corbusier et s’entoura, lors de ses différents projets de spécialistes comme Jean Prouvé.
Sans parler de l’artisanat vernaculaire de cultures autres particulièrement celle du Japon (3 séjours entre 1940-1941), qu’elle a toujours respecté et mis en valeur dans sa pratique de designer, passant avec une aisance déconcertante des mobiliers tubulaires fonctionnalistes aux fauteuils en bois paillé, de la décoration intérieure à l’équipement préfabriqué.
Infos pratiques :
Expositions présentées au Tripostal dès le 16 septembre 2020, jusqu’au 4 octobre pour l’installation « Autonomie(s) » et jusqu’au 15 novembre pour les expositions « Designer(s) du design » et « Sens fiction ».